Pour avoir fait part de son intention « d’ouvrir la porte au dialogue pour faire reconnaître le mariage civil facultatif au Liban », vendredi dernier sur la chaîne télévisée Euronews, la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, a créé le buzz. La polémique ne cesse d’enfler depuis. « Personnellement, je suis pour qu’il y ait un cadre régulant le mariage civil, a-t-elle affirmé. Je vais essayer d’ouvrir une porte pour un dialogue sérieux et profond. » La première ministre de l’Intérieur du monde arabe, une sunnite du Liban-Nord, a ajouté qu’elle prendrait en compte toutes les dimensions politiques et confessionnelles. « Je voudrais lancer le dialogue avec toutes les instances religieuses et autres, en commençant par la présidence du cabinet, pour que le mariage civil soit reconnu », a poursuivi la ministre du courant du Futur, dont les propos ont particulièrement séduit les associations de la société civile qui militent pour les libertés publiques et suscité de vifs débats sur les réseaux sociaux et dans les médias.
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Les pour et les contre
Le « niet » des autorités religieuses sunnites n’a pas tardé. « Nous refusons le mariage civil parce qu’il va à l’encontre de la charia », a rétorqué hier dans un communiqué le bureau de presse de Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite du pays, qui regrette par la même occasion que le débat soit lancé « sur les réseaux sociaux et dans la presse, et pas au Parlement ». « La position contre le mariage civil du mufti de la République Abdelatif Deriane, de Dar el-Fatwa, du Conseil chérié et du Conseil des muftis au Liban est connue depuis des années, car elle va à l’encontre de la charia de A à Z », a précisé le texte. Et d’ajouter que « le mariage civil est également contraire aux dispositions de la Constitution libanaise, sachant que l’article 9 de la Constitution a accordé aux communautés religieuses le droit de légiférer sur le statut personnel. Le mariage civil ne peut donc être adopté au Parlement sans prendre l’avis de Dar el-Fatwa et des autres représentants des communautés religieuses du Liban ».
Une position aussitôt suivie par celle du mufti de Tripoli et du Liban-Nord, Malek Chaar : « La ministre Hassan ne mesure pas ce que signifie le mariage civil, dans sa dimension islamique. Elle n’a pas réfléchi avant de s’exprimer à ce sujet », a-t-il dit, martelant que « le mariage civil est une violation de la charia ». Solidaire des instances religieuses sunnites, le député sunnite prosyrien Adnane Traboulsi a souligné à son tour que le mariage civil est une « ligne rouge ». « Nous ne permettrons pas que soit manipulée l’organisation du statut personnel chez les musulmans », a-t-il assené.
Pour rappel, dix-huit communautés religieuses coexistent au Liban, ayant chacune sa propre loi liée au statut personnel, qui régit mariage, divorce, héritage et garde des enfants. Le pays n’a donc pas de code civil de statut personnel. Il reconnaît en revanche les mariages civils contractés à l’étranger, mais uniquement lorsqu’il s’agit de mariages mixtes et interchrétiens. Les mariages intermusulmans, même contractés à l’étranger, répondent toujours aux lois communautaires régies par la charia.
La classe politique a tôt fait de s’inviter dans le débat. Le leader druze Walid Joumblatt, qui s’est prononcé sur Twitter « en faveur du mariage civil et pour un code civil unifié de statut personnel », a demandé s’il lui était « possible de donner son avis sans être taxé d’hérétique ». « Il faut cesser d’utiliser la religion pour créer la discrimination entre les citoyens », a martelé le chef du PSP.
Après avoir apporté son « soutien » à la ministre de l’Intérieur Raya el-Hassan et « salué son courage », le Bloc national a rappelé dans un communiqué avoir été le premier parti politique libanais à présenter une proposition de loi sur le mariage civil en 1952. « Nous soutiendrons toutes les initiatives en faveur du mariage civil », a conclu le parti. Même son de cloche de la part du député des Forces libanaises Georges Okaïss, qui s’est dit non seulement « partisan du mariage civil facultatif au Liban », mais également « en faveur de la levée de toutes les restrictions aux libertés publiques ».
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Un débat lancé pour la première fois en 1951
Le débat sur le mariage civil au Liban n’est pas récent. Il fait partie de la scène locale depuis 1951. Avec plus ou moins de sérieux et de longues années d’interruption. Le quotidien L’Orient du 22 mai 1951 se demandait alors « à quoi pensent les groupes parlementaires ». « Ceux d’entre eux qui sont réputés les plus dynamiques publient à grand tapage des manifestes et des programmes… pour réclamer quoi ? L’institution du mariage civil… », écrivait le quotidien francophone, avec un brin d’ironie. Le débat n’a pas cessé pour autant. Un mois plus tard, le barreau de Beyrouth, présidé par le bâtonnier Nagib Debs, dénonçait « l’archaïsme du statut personnel au Liban » et estimait que « le seul moyen de mettre fin aux discriminations confessionnelles est d’instituer le mariage civil facultatif ».
En 1952, la première proposition de loi sur le mariage civil facultatif est présentée au Parlement par le Bloc national dirigé par Raymond Eddé. Suivront plusieurs propositions entre 1972 et 1997, du Parti démocratique, du Parti laïc démocratique et du Parti syrien national social. Mais celui qui a fait le plus de bruit est assurément le projet de mariage civil facultatif parrainé par le président de la République Élias Hraoui, en 1998. Mis à l’ordre du jour du Conseil des ministres le 18 mars 1998, il est adopté par 21 voix (6 contre et une abstention). Mais il est rejeté par feu le Premier ministre Rafic Hariri qui a refusé de le signer et de le transmettre au Parlement, sous la pression des autorités religieuses sunnites, soutenues par l’ensemble des communautés religieuses, chrétiennes et musulmanes.
L’Église maronite assouplira sa position en 2010. Le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, souligne alors, lors d’une interview à l’hebdomadaire al-Massira, qu’ « au cas où un projet d’établissement du mariage civil était sérieusement mis sur le tapis, l’Église n’y fera pas obstruction ».
La société civile reprend du poil de la bête. Une proposition de loi libanaise sur le statut personnel est présentée au Parlement en mai 2011 par une soixantaine d’associations dans le cadre d’une campagne citoyenne menée par L’Association libanaise pour les droits civils. C’est la septième présentée depuis 1971. Elle est soutenue notamment par le député Ghassan Moukheiber. Mais rien ne se passe. « Le pouvoir des communautés religieuses est trop fort », dénonce à l’époque l’avocat et chercheur Carlos Daoud.
C’est alors que le Centre civil pour l’initiative nationale, présidé par le chercheur Talal Husseini, encourage un jeune couple à se marier civilement au Liban. Khouloud et Nidal deviendront en 2012 le premier couple à se marier civilement au Liban. Ils devront, pour ce faire, rayer la mention de leur religion sur les registres d’état-civil. Après maintes polémiques et nombre d’interprétations de la part de la justice et de la classe politique, leur mariage civil contracté au Liban sera considéré comme non valide.Alors que la polémique battait toujours son plein en février 2013, Saad Hariri, en exil à Paris, s’était cependant démarqué par sa position, rejetant des propos tenus à l’époque par le mufti Mohammad Rachid Kabbani. « Jeter l’anathème sur les gens est inacceptable. En Indonésie, en Turquie et ailleurs, il y a 700 millions de musulmans qui vivent avec le mariage civil. Le mufti voudrait-il en faire des apostats ? » avait lancé M. Hariri dans le cadre d’un émission télévisée. « Moi je représente tous les Libanais, pas seulement ceux qui pensent comme moi. C’est pourquoi je suis d’accord avec l’adoption du mariage civil, mais après un vrai dialogue entre ses défenseurs et les hiérarchies religieuses musulmanes et chrétiennes qui le rejettent », avait-il ajouté.
Le dossier du mariage civil est, depuis, tombé dans les oubliettes, malgré les tentatives vaines du président Michel Sleiman de le faire bouger. Aujourd’hui, en 2019, rien n’a changé, et les Libanais de toutes les confessions continuent d’aller se marier civilement à l’étranger.
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Le mariage relève du droit naturel, le mariage gay contredit ce droit naturel comme les coutumes de la charia contredisent le droit naturel au mariage. Le principe primordial du mariage est le respect du droit naturel pour tous au mariage. le mariage gay et le mariage selon la charia contredisent le droit naturel. Le mariage civil non dénaturé en mariage gay est compatible aux principes naturels de toutes les communautés. La France a donné un très mauvais exemple avec sa nouvelle loi.
DINTILHAC bernard
08 h 29, le 20 février 2019