Le patriarche maronite, Béchara Raï, s'est dit vendredi en faveur d'un "mariage civil mais sur la base d'une loi qui soit obligatoire", plaidant pour une "loi civile unique pour tous les Libanais" et exprimant son opposition au caractère facultatif d'un éventuel texte, à la lumière du débat relancé par les propos récents de la ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, qui soutient le mariage civil facultatif.
"Cette question ne date pas d'aujourd'hui. Elle avait été discutée à l'époque de feu le président Elias Hraoui (en 1998). A l'époque, nous, en tant qu'Eglise, nous avions pris position", a rappelé le prélat maronite.
"Nous ne sommes pas contre le mariage civil dans l'absolu. Mais quelle loi au monde peut être qualifiée de facultative? Toutes les lois sont contraignantes. Parler d'une loi qui autorise le mariage civil facultatif va diviser le pays et créer des problèmes. Il faut faire une loi civile unique pour tous les Libanais", a plaidé Mgr Raï.
"Le mariage fait partie des sept sacrements de l'Eglise. C'est Dieu qui les a édictés. Ce n'est pas moi. Si l'on est vraiment chrétien et maronite, on est tenu de les respecter. Dans ce cas, le croyant qui respecte sa religion doit se marier religieusement. Dans le cas contraire, la personne peut dire qu'elle n'est pas croyante. Ce n'est pas à moi de la juger, c'est Dieu qui le fera. Mais nous ne pouvons pas instaurer une division entre les gens et accepter que chacun se comporte à sa guise", a-t-il insisté.
"Les propos selon lesquels les hommes de religion (refusent le mariage civil) pour des raisons financières et pour garder leur emprise (sur les croyants) sont honteux", s'est en outre insurgé Béchara Raï.
"Nous sommes en faveur du mariage (civil) obligatoire, et notre devoir est d'entrer en contact avec nos fidèles pour leur expliquer ce qu'ils ont à faire", a conclu le chef de l'Eglise maronite.
(Lire aussi : Noces juteuses, le billet de Gaby Nasr)
La semaine dernière, la nouvelle ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, a fait part de son intention "d’ouvrir la porte au dialogue pour faire reconnaître le mariage civil facultatif au Liban", dans un entretien à la chaîne Euronews. Rappelée à l’ordre par Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite libanaise, la ministre – elle-même de confession sunnite – garde, depuis, le silence sur la question. Et le président du Parlement, Nabih Berry, qui l’a soutenue dans un premier temps, s’est rétracté par la suite en affirmant que "ce n’est pas le moment".
En 1951, Raymond Eddé, alors jeune député, et chef du Bloc national, lançait la proposition du mariage civil facultatif, après l’adoption le 2 avril 1951 de la loi qui accordait aux communautés religieuses le droit de légiférer sur tout ce qui a trait au statut personnel. Le débat avait resurgi lors du mandat du président Élias Hraoui en 1998. Mais cette proposition n'a toujours pas abouti.
Les jeunes couples (quelque 800 par an environ qui contractent le mariage civil, selon des estimations) n’ont d’autre choix que d’aller se marier civilement à l’étranger, à Chypre principalement, comme le leur permet la législation libanaise.
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commentaires (13)
Sa Béatitude s’est Exprimé. Sans rentrer dans les détails et interpréter les intentions , une telle déclaration mérite d’etre Respectée et louée . Ça ne sera pas de sitôt, sûrement ; c’en est une autre paire de manche. La caravane a démarré. Notons l’accompli et à bon entendeur un hourra!
EDDE PAUL
09 h 34, le 24 février 2019